Nous avons passé un week-end prolongé à Shanghai, l’occasion, en découvrant cette autre mégalopole chinoise, de jeter un nouveau regard sur Pékin. Les deux villes sont en effet extrêmement différentes. A bien des niveaux, mais toutes proportions gardées, on peut les comparer à Rome et Milan en Italie (capitale politique versus capitale économique, etc.).
Une rue commerçante d’un Hutong
Le troisième ring (autrement dit un boulevard périphérique de centre-ville)
Pékin, qui signifie littéralement « capitale du nord », est le centre politique et culturel de la Chine. Malgré ses activités florissantes, sa croissance à deux chiffres et sa population de 19,6 millions d’habitants, c’est finalement une ville tranquille. Tout est grand, tout est démesuré, mais une fois que l’on s’est habitué à cette démesure, et surtout en comparaison avec une ville comme Shanghai, on se rend compte, qu’il y a une certaine “douceur de vivre” à Pékin. La structure de la ville, basse et aérée, y joue pour beaucoup. On peut distinguer grosso modo trois types de quartiers : les Hutong, ces quartiers de petites maisons basses traditionnelles à cour carrée, organisées dans un labyrinthe de ruelles, en voie de disparition, car la municipalité de Pékin encourage la construction d’immeubles modernes en lieu et place de ces logements considérés insalubres ; les grandes constructions de type communiste : blocs de béton massifs ; et les quartiers modernes avec des tours qui rivalisent d’ingéniosité architecturale, mais qui ne se caractérisent pas par une hauteur gigantesque. En dehors des Hutong, les rues de Pékin sont d’une largeur invraisemblable et les édifices ne sont, à quelques exceptions près, jamais accolés : voilà pourquoi la densité de population pékinoise est très largement inférieure à celle d’une ville française moyenne : seulement 1195 habitants au km2 ! La ville est organisées selon une structure concentrique autour de la cité interdite : une série de six périphériques, appelés « rings » délimite ensuite les différents quartiers en fonction de l’éloignement du centre névralgique de la ville.
Shanghai est la ville la plus peuplée de Chine, avec 23,5 millions d’habitants, qui semblent encore plus nombreux en raison d’une densité de la population trois fois supérieure à celle de Pékin. Avec Hong Kong, c’est le centre économique de la Chine, une ville très ouverte sur l’extérieur, dont les habitants maitrisent bien mieux l’anglais que les Pékinois. L’empreinte de la présence des occidentaux est indélébile, et la ville est caractérisée par les anciennes concessions étrangères qui ont façonné l’architecture de la ville et sa culture dès le dernier quart du XIXème siècle jusque dans les années Trente, avec les Américains, les Anglais, les Français mais aussi les Russes et les Japonais et même des Italiens et des Allemands. Contrairement à Pékin, ici les rues ont les dimensions de celles des villes occidentales, les bâtiments sont accolés. Cette ville à la réputation sulfureuse (drogue, jeux, prostitution) est organisée autour du fleuve 黄浦 Huángpŭ et se caractérise par son architecture moderne en hauteur : même les voies de transport serpentent à travers la ville à hauteur du deuxième, voire du troisième ou du quatrième étage des immeubles… Pour aller à l’aéroport de Pudong, on emprunte une heure durant une voie rapide qui jamais ne se trouve au niveau du sol ! Autre différence notable entre les deux villes : le climat. Tandis qu’à Pékin, il faut impérativement se munir d’un humidificateur pour tenter de rétablir un peu d’humidité dans les logements, à Shanghai il faut être équipé d’un déshumidificateur, au risque de voir littéralement moisir son intérieur.
L’emblématique “Bund” de Shanghai, ses immeubles de l’époque des concessions étrangères, et les tours modernes au loin